Article parue dans « L'Essentiel Afrik »
1- Le Maroc est le seul pays d'Afrique qui va
recevoir la Conférence des Nations unies sur le
climat pour la deuxième fois en l'espace de 15
ans après avoir abrité cette rencontre en 2001.
Quels sont les atouts dont dispose le royaume
chérifien et qui justifient cette réalité ?
recevoir la Conférence des Nations unies sur le
climat pour la deuxième fois en l'espace de 15
ans après avoir abrité cette rencontre en 2001.
Quels sont les atouts dont dispose le royaume
chérifien et qui justifient cette réalité ?
Madame la ministre Marocaine chargée de la préparation de la Cop 22 au Maroc Mde Hakima El Haite
Jamais les paroles de Sa Majesté le roi Hassan II ne résonneront avec autant de force que lors du prochain sommet de la Cop 22 quand il comparait le Maroc à un arbre plongeant ses racines en Afrique et respirant par ses feuilles en Europe.
Jamais les paroles de Sa Majesté le roi Hassan II ne résonneront avec autant de force que lors du prochain sommet de la Cop 22 quand il comparait le Maroc à un arbre plongeant ses racines en Afrique et respirant par ses feuilles en Europe.
Le Maroc dispose de
nombreux atouts pour être porte-drapeau de l’Afrique lors de cette conférence des Nations unies sur le
climat. Il a su profiter de la dynamique de l’Union pour la Méditerranée pour
lancer des projets d’énergies renouvelables à grande échelle ; réalisant à
Ouarzazate le plus grand projet de ferme solaire au
monde NOOR 1. Ce complexe est doté de trois centrales thermo-solaires à concentration.
La station Noor Ouarzazate 1 est en phase de test et sera lancée d'ici la fin de l'année 2015. © Nadia Sweeny.
Il peut aussi se prévaloir
de la réalisation du plus grand parc éolien d’Afrique à Tarfaya.
Plus d’un million et demi
de personnes seront logées dans des cités vertes, sans émission de carbone.
La station Noor Ouarzazate 1 utilise la technologie thermo-solaire avec capteurs cylindro-paraboliques. © Nadia Sweeny.
Une gestion des eaux usées de la ville de Marrakech utilise une des technologies les plus élaborées du monde.
Une gestion des eaux usées de la ville de Marrakech utilise une des technologies les plus élaborées du monde.
Une modernisation de son
réseau de transport, TGV et tramways qui
se multiplient.
Une labellisation de ses
plages dans un tourisme durable.
Une gestion raisonnée des irrigations en
agriculture.
Toutes ces innovations basses carbones
relèvent d’une vision stratégique pour placer le Maroc dans une économie verte
dans tous les secteurs de l’économie.
Le soleil chauffe un liquide dans le tube : la vapeur dégagée
lors de son refroidissement enclecnhera des turbines qui fabriqueront l'électricité. © Nadia Sweeny.
Ce pays, tête de pont entre l’Afrique et le reste du monde, présente tous les atouts pour booster les négociations sur le climat lors du sommet de Marrakech et capitaliser les fonds verts sur des projets concrets efficients et adaptés aux réalités africaines.
2- Qu'est-ce que l'organisation d'une manifestation comme la Cop 22
apporte au Maroc et plus généralement à
l'Afrique au-delà du prestige lié à
l'image ?
Les principales revendications des pays
africains étaient d’ordre financier pour
compenser une injustice écologique.
Déjà adulé en Afrique subsaharienne pour
ses prouesses économiques et technologiques, le Maroc en réussissant sa Cop
22 pourra devenir une locomotive et un référent pour engager
l’Afrique dans l’économie verte et sans carbone.
Comme
elle a su faire un saut technologique en matière de téléphonie et se
surpasser en innovation en mobile banking, l’Afrique doit inventer son modèle
de développement durable ; profitant de l’expertise marocaine et du Maghreb
dans les domaines de la finance, du numérique, de l’énergie, de l’agriculture,
pour bâtir des projets Sud-Sud, véritables accélérateurs de croissance.
C’est en initiant des modèles d’ingénieries
financières et de structuration des projets que nos États pourront utiliser
habilement la compensation des 100 milliards de dollars par an décidée à Paris
et permettre aux différents mécanismes de financements de fonds verts de
booster leur croissance et légitimement irriguer les circuits économiques
locaux en participant au développement inclusif.
Le Maroc a justement choisi de réintégrer la famille africaine avec
un double objectif, rehausser son
prestige en matière économique et
diplomatique, mais également la réussite de cette Cop 22 lui permettra de
valoriser son expertise auprès des institutions internationales. Avec en ligne de mire le futur règlement de la question du Sahara. Cette
conférence va coûter quelque 100 millions d’euros au Maroc, avec une participation
financière de l’Europe, de la Pnud, des pays arabes. Et une étroite synergie avec la France pour
capitaliser sur la première réussite des
accords obtenus lors de la Cop 21. Avec comme objectifs d’aboutir sur des résultats concrets.
3- En quoi peut-on s'attendre
à ce que les
conclusions de la Cop 22 marquent une étape
importante dans la lutte contre le réchauffement climatique à l'échelle de la planète ?
conclusions de la Cop 22 marquent une étape
importante dans la lutte contre le réchauffement climatique à l'échelle de la planète ?
L’Afrique et son émergence tant décriée par
les économistes reste le véritable baromètre
de la réussite de ma lutte contre
le réchauffement climatique. Ici toutes
les villes seront à construire. Un eldorado sans précédent accompagné d’une démographie galopante et des taux de
croissance qui avoisinent les deux chiffres.
Actuellement plus de 600 millions d’Africains n’ont pas encore
accès à l’énergie malgré tout son potentiel
solaire et hydraulique.
La priorité devra être donnée pour ce secteur pour
éradiquer définitivement l’utilisation du bois dans la cuisine traditionnelle.
Une catastrophe écologique de grande ampleur en Afrique de l'ouest l'utilisation du bois pour la cuisine. Alors que nos pays disposent de reserves de gaz... Quelles solutions ?
Une catastrophe écologique de grande ampleur en Afrique de l'ouest l'utilisation du bois pour la cuisine. Alors que nos pays disposent de reserves de gaz... Quelles solutions ?
Le Maroc se présente comme
un hub pour le reste de l’Afrique, ses banques et ses entreprises de
construction et de cimenterie sont
présentes dans une vingtaine de pays, et des collaborations très étroites entre
le Medef et la CGEM, confédération des entreprises marocaines se multiplient
dans les domaines des villes durables, de l’énergie, du
numérique. Les entreprises africaines gagneraient à se greffer à cette
dynamique, dans une organisation tripartite,
Europe, Maghreb, Afrique subsaharienne, pour
une croissance durable.
On pourra envisager en plus des hubs
technologiques ou d’énergie, de grands projets d’infrastructures routières relier les deux
grands axes Abidjan-Dakar-Tanger ou Abidjan-Bamako-Alger, ressouder les
dynamiques de développement de ces deux régions de l’Afrique et y installer une paix durable.
(Ces régions ont toujours été dans l’histoire des corridors de commerce et d’échanges scientifiques à travers
Tombouctou).
Tous les acteurs non étatiques, la
société civile, les syndicats, les régions
et les villes doivent aussi se
mobiliser pour accélérer le processus de
ratification des accords de la Cop 21 et engager les énergies citoyennes vers des processus de réalisation
pour lutter contre le réchauffement climatique.
Si la Cop 21 à
Paris était le sommet des décisions, celle de Marrakech doit être la Cop
des actions concrètes. Il revient
à nos acteurs politiques de surfer sur cette vague en apportant des projets innovants
profitant de la richesse de la biodiversité africaine, de son potentiel
énergétique, de sa force vitale de sa capacité de créativité , de sa richesse
culturelle pour dessiner les contours d’une Afrique
émergente prospère et respectueuse de sa terre ancestrale.
Ibrahim EL-ALI
Président de Bluegreen France